Congrès 2026

LA GÉOGRAPHIE À L’ÉPREUVE DE L’INCERTITUDE
Dakar, 24-27 novembre 2026

aigfdakar2026.com

Thème du congrès
La géographie à l’épreuve de l’incertitude

Depuis longtemps, les géographes savent que le monde est changeant, soumis à diverses forces qui le transforment. Aussi leur ancestrale ambition est-elle de saisir les tenants et aboutissants de cette dynamique, c’est-à-dire d’en comprendre les causes, d’en décrire les phases et d’en prévoir les effets. Et à cette dynamique propre au monde, la discipline géographique ajoute la transformation de ses manières de concevoir et d’analyser la marche du monde. Ainsi, comme à ses débuts, la géographie est encore aujourd’hui une discipline changeante qui se mesure à un monde changeant. C’est pourquoi elle sait, par exemple, que ses cartes vieillissent et qu’elles doivent être constamment renouvelées. Mais cette disposition native de la géographie face aux mouvements du monde et de sa propre pensée suffit-elle à notre époque, maintenant que notre monde semble soumis à des tensions d’un nouveau genre ? Dans un contexte où les changements prennent plutôt l’allure de crises, la géographie n’est-elle pas aujourd’hui confrontée, comme la société en général, à d’inédites incertitudes ? À voir le rythme accéléré et une intensité démultipliée des mutations en cours, cela semble évident. Au point où les causes et les effets de ces mutations semblent souvent échapper aux principes mêmes qui conditionnent notre entendement et nos pratiques, notamment au chapitre de l’aménagement du territoire. D’où le sentiment de faire face à un problème sans précédent à caractère autant politique qu’épistémologique qu’il urge de surcroit d’affronter. À n’en pas douter, un impératif se dresse là devant la géographie. Et si la mobilisation des géographes à ce titre est déjà engagée, parfois même avec fièvre, il parait néanmoins pertinent de l’élargir et de la mener plus avant.

Face à ce défi, l’AIGF se fait devoir d’étudier l’incertitude qui à notre époque traverse autant l’espace géographique que la discipline géographique. Ainsi, elle invite à explorer :

    • Comment, en ce contexte d’incertitude, la géographie, en toutes ses parties prenantes, réagit aux crises qui, plus que jamais, exposent le climat, l’environnement, l’économie, la sociabilité et les droits de la personne aux plus grands risques.
    • Comment contribue-t-elle à l’analyse et à la compréhension des divers états de cette incertitude ?
    • Quels méthodes et outils utilise-t-elle pour observer notre monde en mutation rapide ?
    • Quelles alliances noue-t-elle à cette fin ?
    • Et qu’en est-il dans ce contexte de l’interdisciplinarité et de la co-construction des savoirs avec d’autres agents ?

En traitant ces questions, l’idée n’est pas tant de voir comment la géographie tente de réduire l’incertitude, voire de l’éradiquer, mais plus encore comment elle l’intègre à sa propre vision. Car la discipline ne peut pas, non plus, s’enfermer dans le temps présent. Si elle ne dépasse pas le juste-à-temps et les agencements labiles, ne devient-elle pas elle-même victime de l’urgence et, du coup, d’une incertitude qui la rogne plus qu’elle ne la stimule ? Mais alors quelle place faut-il accorder à la longue durée et à la prospective ? Et comment le faire sans nier l’imprévu, dont l’incessante résurgence exige que l’on sache toujours faire appel à l’improvisation ?

Au-delà de l’incertitude, c’est donc la fragilité du monde que la géographie doit pouvoir saisir. Ce faisant, elle doit savoir dire l’espoir davantage que la peur, puisque l’avenir, aussi volatile soit-il, ne peut s’appréhender sans confiance et sans perspective. Sinon, c’est l’ouverture à soi et à l’autre qui est compromise. Bref, peut-on vivre et penser l’incertitude sans une conviction redoublée de la dignité de l’être humain et de l’amitié entre les peuples ?